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LES ANAGRAMMES ET LES MATHÉMATA DE LA MELOPÉE BYZANTINE
par Gregoire Stathis
RÉSUMÉ
Dans la tradition manuscripte de la Musique Byzantine, le terme anagramme se racontre dès le début du XIVe siècle et marque une technique nouvelle de composition du chant byzantin. La recomposition du text poétique, l'introduction des «echemata» – «kratemata» et le chant mélismatique large, constituent les éléments caractéristiques de la «kalophonia» de la Musique Byzantine. Une fois développée la kalophonia a imposé une tradition propre, comportant un nombre stupéfiant des compositions variées. Dans les traités théoriques et des méthodes du XVe siècle et durand toute la période post-byzantine, ces compositions calophoniques se présentent comme des «mathémata». Il s'agit là vraiment des réalisations les plus admirables de l'art psaltique monophonique de la période byzantine et post-byzantine.
En examinant les compositions des anagrammes et des mathémata de la mélopée byzantine et post-byzantine, on est conduit à envisager de façon générale la «kalophonia» corne phénomène et corne art en soi. Cette recherche s'est naturellement étendue à tous les thèmes qui touchent à la calophonie: la terminologie, les périodes ou stades de le développement de la notation et de la mélopée – qui vont de pari, les premiers créateurs et les continuateurs de cet art, la formation des manuscrits en question (tels de Papadiké, le Mathématarion, le Kratematarion), la tradition de ces manuscrits, le texte et le types morphologiques de ces composition, etc.
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Passons succinctement en revue les différents points traitées dans ce livre.
• La kalophonie apparait après la libération de Constantinople de l'occupation latine et le rétablissement de l'empire byzantin ; elle trouve un terrain favorable dans le climat de renaissance de la civilisation byzantine sous l'Empereur Andronikos II (1282-1328).
• Les élargissements du mélos ont conduit inévitablement aux anagrammes et aux répétitions du texte, ainsi qu' à l'introduction des kratemata, qui constituent la caractéristique principale de la technique nouvelle de l' Art Psaltique des Byzantins des années tardives. On tend ainsi vers une autonomie et une personnalisation de l' Art.
• La dénomination des compositions suggère l'émulation des compositeurs et la création d'une classe d'artistes, c-à-d. les «maistores», «do mestikoi», «kalophonares» ou «monophonares», qui sont conscients d'être les représentantes de l'art psaltique et gagneront l'estime et l'admiration de leurs contemporaines et des générations postérieures.
• L'imposition de la kalophonia a contribué à la formation du type séculier des Akolouthiai ainsi que d'une tradition de manuscrits musicaux particuliers, tel que la Papadiké et le Mathématarion.
• La kalophonia s'étend successivement des versets psalmiques au Kontakarion et au Sticherarion, où elle atteint le plus haut degré de développement. C'est ainsi que nous avons distingué deux catégories de kalophonia: d'une part, les mathémata basés sur les versets des psaumes et, d'autre part, les mathémata propres, qui ont pour texte des stichères idiomèles, des heirmoi, des kontakia, ou encore des tropaires à quinz syllabes.
• Examinés du point de vue du mélos et du développement de l' Art Psaltique, les mathémata constituent le point culminant de la mélopée byzantine et post-byzantine, étant donné qu'il s'agit de compositions libres, d'inspiration instantanée.
• Les textes théoriques de Manuel Chrysaphes et de Gabriel Hieromonachos tout comme les «méthodes)) de calophonie de divers maîtres, traitent de cette forme particulière de mélopée; à travers la calophonie, ils expliquent et élèvent l'art. Les compositions calophoniques sont, par excellence, des créations artistiques.
• Des siècle durant, les poètes des anagrammes et des mathémata furent les plus grands compositeurs; les plus récents ont suivi la structure et les formes des compositions des premiers créateurs, c-à-d. Jean Koukouzeles, Nicéphore Ethikos, Jean Glykys et Xenos Korones (1ère moitié du XIVe siècle).
• Morphologiquement parlant, les mathémata appartiennent aux principaux types suivants: simple, bipartite, tripartite, quatripartite, pluripartite; ils sont toujours précédés d'une introduction variable et dotés d'une finale. La variété et la flexibilité de la structure morphologique d'une part, et le mélos réalisé avec maîtrise, d'autre part, déterminent un art très élevé, la Psaltique Monophonique qu'a créé l'esprit byzantin des années tardives et qui a été le précurseur lointain des formes parfaites de l'art musicale de la polyphonie.
• Aujourd'hui, les anagrammes et le mathémata ne se chantent que lors de veillés monastique («agrypniai»). Mais la calophonie, qui a trouvé en eux le moyen idéal de propagation, constitue toujours le critère de la connaissance et de la perpétuation d'une tradition et d'un art, l' Art Psaltique.
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• Dans la seconde partie du livre, nous procédons à la description détaillée du Mathématarion en 8 volumes ainsi que du Mathématarion de Papadiké en 2 volumes, qui est l'oeuvre – transite dans la Nouvelle Méthode de la notation analytique- de Chourmouzios le Chartophylax. Nous connaissons de la sorte les incipit et les compositeurs des mathémata de presque toute la production des XIVe et XVe siècles et d'une partie des XVIIe et XVIIIe siècles.
• Sur base du Mathématarion de Chourmouzios nous éditons en facsimilés
• toutes les compositions calophoniques qui forment l'unité du sticheron idiomelon Προτυπῶν τὴν ἀνάστασιν τὴν σὴν ~ Préfigurant ta Résurrection de la fête de la Transfiguration. Dans la brève introduction qui précède cette édition, nous donnons ainsi la correspondance de l'ancien notation synoptique et de la nouvelle notation analytique de la Musique Byzantine, en concernant le début de deux mathémata de cette unité.
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